TRICOTER DU HAUT VERS LE BAS : LES TYPES DE CONSTRUCTION CLASSIQUE

Dans ce billet, je vais effectuer un tour d’horizon des constructions classiques d’un pull en tricot, du haut vers le bas (ou top-down en anglais).

Pourquoi le top-down ?

Le top-down est un type de construction qui devient de plus en plus populaire. Mais pourquoi ?

  • possibilité d’essayer l’ouvrage au fur et à mesure, sans attendre d’avoir tricoté toutes les pièces
  • plus besoin de coudre les pièces ensemble

Il existe une autre variante : le bottom-up, qui se tricote du bas vers le haut, et qui se trouve aussi très souvent. J’aime moins cette méthode, car il est difficile de maitriser où tombera finalement le pull ou le gilet sur les hanches, puisqu’on ne peut savoir le tombé qu’à la fin, quand on aura tricoté les épaules, qui se font en dernier.

Le Raglan

Le raglan consiste à tricoter un rond, et à effectuer des augmentations à 4 endroits différents, tous les 2 rangs : 2 augmentations de chaque côté des devant, 2 augmentations de chaque coté du dos, 2 augmentations de chaque côté des 2 manches.

Voici son allure :

Avantages :

Simplicité : pas besoin de se souvenir et de garder une trace des différents types d’augmentations. Le rythme est en général constant depuis le col jusqu’à la séparation du tricot sous les bras : tous les 2 rangs.

Cette construction est compatible avec tout type de col : rond, V etc…

Inconvénients :

Ce type de tricot génère un tricot très droit, puisque les augmentations se font toujours au même rythme. Pourtant, si vous observez par exemple un patron de couture, vous remarquerez qu’un vêtement en général a des courbes au niveau des aisselles. Généralement, un raglan n’en a pas. Ce qui provoque dans la majorité des patrons un surplus de matière au niveau des aisselles ou au niveau des bras et pratiquement toujours un pli à la poitrine.

Il peut être parfois difficile d’adapter la hauteur des emmanchures, pour obtenir le bon nombre de mailles au bon moment, à la bonne hauteur, tout en gardant une maitrise sur la largeur du col (près du cou ou évasé).

Il n’est pas non plus possible de maitriser la hauteur du pull à la nuque : c’est tricoté en rond, donc en général à la nuque, c’est tout droit, et très haut.

Il est aussi difficile de maitriser la pente des épaules dont je vous parlais dans un précédent billet.

Morphologie :

Le raglan donne une illusion d’optique (de par les « lignes du raglan ») qui élargit le bas.

  • Ce type de pull ou de gilet n’est pas du tout adapté à un corps en « triangle » (haut étroit, hanches larges).
  • Il convient très bien aux corps « rectangulaires » (épaules larges et proportionnelles aux hanches).

Mes patrons en raglan :

Encolure ronde (ou « Round Yoke »)

Le Round Yoke consiste à tricoter un rond, et à effectuer des réparties uniformément sur toute l’encolure, à certains points clefs, jusqu’à obtenir assez de mailles pour ensuite les diviser en 4 (devant, dos, et 2 manches). On a donc un pull « tout rond » qu’on sépare ensuite sous les bras.

Voici son allure :

Avantages :

Simplicité et jeu de couleur : la plus grande force de ce type de construction, c’est justement de jouer avec la couleur. C’est le type parfait pour un pull islandais à motif, le jacquard, et les rayures en tout genre.

Inconvénients :

Comme pour le raglan, ici on ne tient pas du tout compte des épaules en pente, de la courbure des aisselles. Imaginez que vous découpez un cercle dans un tissu, que vous faites une ouverture pour la tête, et voilà !  Ce qui provoque dans la majorité des patrons un surplus de matière au niveau des aisselles ou au niveau des bras et pratiquement toujours un pli à la poitrine.

Ce genre de projet est donc facile et permet pas mal d’originalité, mais n’est pas le plus seyant.

Il est aussi tout le temps associé à un col rond, donc n’est à priori pas compatible avec un col en V (de toute façon, ce n’est pas le but de ce genre de style, même si c’est techniquement possible le rendu serait probablement des plus étranges).

Morphologie :

Le round yoke (quand il y a un jeu de couleurs) met l’accent sur le haut du corps.

  • Il convient très bien aux corps « ovales » (quand vous avez un ventre qui aimerait bien se cacher un peu plus). Préférez une couleur foncée pour le pull, et des couleurs claires ou vives pour l’encolure ronde. Soit avec des motifs, soit avec des rayures : les deux vous mettrons en valeur. Vous pouvez aussi comme le patron « Opera » opter pour une couleur unie claire en haut, et une couleur unie foncée à partir des aisselles.

Set in sleeves

Le set in sleeves consiste à tricoter le dos jusqu’aux aisselles, puis le devant. Ensuite, on joint en rond, et on termine le corps en rond à partir de la poitrine jusqu’en bas. Pour les manches, elles s’effectuent dans un second temps, en relevant les mailles autour de l’emmanchure, en aller-retour pour former l’arrondi en haut du bas puis en rond à partir du dessous des bras.

Voici son allure :

Avantages :

Le type de construction le plus « morphologique » : on peut définir la pente des épaules, adapter au besoin certaines parties qui ne seraient pas « standard » (par exemple : poitrine menue et bras épais, ou le contraire) puisque chaque partie se fait séparément.

Ce type de construction est compatible avec tout type d’encolure.

Inconvénients :

Sa complexité est un peu plus grande : elle nécessite de relever des mailles pour les manches, et de faire souvent des rangs raccourcis.

Morphologie :

Le set in sleeves a l’avantage de définir une « couture » tout le long de l’emmanchure. Si les épaules sont de la bonne largeur, cela permet donc de dessiner et de mettre en valeur les épaules. C’est la raison pour laquelle ce type de construction est adapté aux corps en forme de « triangle » : cela va équilibrer un peu plus les proportions entre haut du corps étroit et hanches larges.

Mais on peut aussi envisager de réduire ou d’agrandir des largeur d’épaule pour jouer sur le look final 😉

Mes patrons en set-in-sleeves :

Evidemment ces règles de morphologies sont simplifiées, puisqu’en réalité, cela dépend aussi de la forme de l’encolure, de la longueur du pull ou du gilet etc… Mais ce n’est pas le sujet de ce billet ! Sachez que je prépare actuellement un cours de « Morpho-Tricot » qui ira bien plus en profondeur sur ces aspects ! Je vous tiendrais informée quand ces cours seront disponibles 😉

Les autres méthodes de construction

Il existe bien sur d’autres méthodes : contiguous, saddle shoulder, ziggurat… Mais je pense que pour le moment, ce petit aperçu des méthodes les plus classiques vous aidera à faire votre choix !