LA MÉTHODE CONTIGUOUS

Aujourd’hui, j’ai envie de prendre le temps de décrire en détail une autre méthode de construction du haut vers le bas : la méthode « Contiguous ». J’avais abordé dans un billet précédent les méthodes classiques. Il est temps à présent de traiter de l’une des méthodes les plus en « vogue » ces dernières années chez les créateurs anglais et américains.

Le contiguous est une méthode développée par Susie Myers (SusieM sur Ravelry)

Le concept

Le contiguous est une méthode développée par Suzie Myers.Tout le monde peut l’utiliser evidemment. Toute personne qui fait un patron basé sur ce type de construction doit citer l’auteur. Vous trouverez les explication de la méthode en anglais ici. Systemeb a obtenu l’autorisation de l’auteur pour la publier en français. Enfin, vous avez une page qui liste tous les patrons de tricot qui utilisent cette méthode.

Le concept est de pouvoir tout construire « en 3D », que ce soit le dos, les manches, et les devants, grâce à une méthodes ingénieuse d’augmentations, qui se répartissent selon un rythme un peu surprenant pour une néophyte du « Contiguous« . Je rentrerais en détail un peu plus bas sur ces principales étapes.

Ce qu’il faut retenir : il n’y a plus de relevage des mailles : tout se fait en même temps. C’est quelque part un hybride entre le « set-in sleeves » et le « round yoke » (petit rappel encore, si ces termes ne vous parlent pas, consultez d’abord l’épisode 1 ici). Ca vous semble intéressant ? Alors creusons un peu le sujet !

Avantages

Comme je viens de l’expliquer plus haut, le principal avantage est de tout construire en même temps. Ce n’est pas négligeable !  L’objectif : conserver la forme « travaillée » d’un pull qui épouse les formes, comme s’il était cousu, classique, mais en évitant les complications techniques telles que relever les mailles, assembler des morceaux, ou faire des rangs raccourcis.

Inconvénients

Cette méthode, moins répandue, déconcerte parfois certaines personnes, qui ont du mal à « visualiser » ce qu’elles font. Le rythme étrange de construction fait que parfois, une tricoteuse peut avoir peu confiance en ce qu’elle fait, car elle n’a pas toujours le sentiment de maitrise. Si c’est votre cas, je vous conseillerais de suivre à la lettre les explications, de faire les augmentations quand on vous dit de les faire, de ne plus les faire quand elles ne sont plus mentionnées. Laissez-vous guider, tout devrait bien se passer.

Un autre inconvénient de cette méthode : le tombé, bien que pas mal, n’est pas non plus aussi « parfait » qu’avec des morceaux assemblés et cousus ensemble. Les patrons à base de contiguous peuvent souffrir de quelques défauts (dont j’ai moi même fait les frais pour mon premier projet contiguous il y a quelques années, ce qui va me permettre d’illustrer ce qu’il ne faut pas faire !) :

  • un haut de manche en forme de « triangle ». Suzie explique bien comment l’éviter, mais il semblerait que plusieurs patrons de tricot n’aient pas pris en compte cette partie des instructions. Par conséquent, vous trouverez des modèles dont le haut de la manche (la partie qui se « joint » aux épaules) manque d’arrondi, et tombe un peu trop « droit ». Voyez à droite cette forme en triangle dont je vous parle.
  • des « fausses coutures » au niveau des épaules trop longues. Nombreux aussi sont les patrons qui font une trop longue série d’augmentation pour les épaules, et qui par conséquent, souffrent du syndrome des épaules tombantes. J’ai moi-même eu ce soucis la toute première fois, comme vous pouvez le constater sur l’image à droite. Observez bien les photos du patron, pour voir si le créateur a bien fait attention à arrêter assez tôt.

Tous ces petits inconvénients ont une solution, qui est souvent donnée par Suzie dans sa méthode. Il suffit donc de les respecter !

  • Enfin, le contiguous peut générer quelques plis sous les bras, ou autour des bras. Il s’agit ici d’un avis personnel. En ce qui me concerne, j’ai tenté de trouver une solution dans mon prochain patron, en mélangeant la méthode d’augmentation des dessous de bras du « set in sleeves » avec celle du contiguous. Ce n’est pas « parfait », mais c’est un bon début d’amélioration ! Il est aussi important de bien maitriser la hauteur totale des emmanchures je pense, pour arriver à un joli résultat.

Les principales étapes de cette méthode

Comme je le disais plus haut, pour la version française, je vous invite à consulter le billet de Systemeb, car elle a fait un travail de traduction détaillé. Il n’est donc pas très intéressant de réinventer la roue. En revanche, je pense qu’il peut être utile pour mieux visualiser le concept, de faire un récapitulatif des étapes principales, et de l’enrichir de quelques photos. Car un dessin vaut toujours 1000 mots  Et de vous synthétiser les grands temps forts de cette construction.

  • Quelques rangs avec des aumg. sur tous les rangs (endroit et envers), en très grand nombre, pour générer une fausse couture aux épaules. Ces rangs doivent se faire très peu de fois, sinon on se retrouve avec l’épaule tombante.
  • Transformation des mailles des épaules en manches, avec une augmentation très rapide sur quelques rangs pour former rapidement l’arrondi en haut des manches (et éviter ainsi la manche en triangle).
  • Ensuite, un rythme plus classique (tous les 2 rangs) pour finir les augm. des manches.
  • Les augm. du col se font en même temps que toutes des étapes citées plus haut.
  • Une fois que l’on a toutes les mailles nécessaires, on reprend comme un projet « top down » classique : on met en attente les mailles des manches, on monte des mailles sous les bras, et on tricote en rond.

Voici ce que ça donne en image, avec quelques photos de « work in progess » trouvées sur des blogs étrangers :

DanyaKnits a pris en photo une très étape importante, qui parle d’elle même :

source : http://www.dayanaknits.com

Allez admirer son modèle fini, tout est parfait : les emmanchures sans pli, la forme arrondie des manches, du très joli travail ! :

source : http://www.ravelry.com/projects/dayana/

Antjes Werk a aussi une autre photo, cette fois-ci à plat, qui pourrait vous aider à mieux visualiser les épaules. La double ligne des mailles au centre, c’est la fausse couture des épaules. En haut de cette ligne, c’est le demi devant gauche. En bas, c’est le dos. Ensuite, on remarque à gauche un début d’évasement rapide des mailles, il s’agit du « sleeve cap », c’est à dire, le haut des manches, l’arrondi au niveau des épaules :

source : http://antjeswerk.de/

Je conclurais donc par ceci : cette méthode est très intéressante, à partir du moment où on prend bien de le temps de décrypter les étapes importantes pour éviter les défauts cités plus haut. Cela s’apprivoise avec le temps et un peu d’analyse comme je viens de le faire ici pour vous. Certains patrons ont été pensés en détail pour obtenir un rendu optimal, et d’autres beaucoup moins. Pensez à vérifier ces points sur le patron de votre choix avant de vous lancer !

Mes patrons en contiguous :

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